Les consos-traders ont la cote
Trend #9 : Le conso-trading, ou comment votre vendeur Le Bon Coin s’est inspiré de Wall Street.
Cette semaine on part à la découverte des conso-traders, ces particuliers qui achètent des produits pour les revendre d’occasion mais *neufs* sur Facebook, Le Bon Coin, Vinted ou autres sites spécialisés. Bienvenue dans ce nouveau numéro de la newsletter du planning stratégique de Lonsdale !
Fin de série, exclusivité, lancement produit raté, rien ne passe sous le radar de ces consommateurs aguerris qui flairent la bonne affaire avant tout le monde. Services en ligne et réseaux sociaux sont déjà les relais de cette économie de la « seconde main » à haute fréquence. Quel rôle les marques peuvent-elles bien réserver à ces Kerviel du consumérisme ?
Le conso-trading en clair
Conso-trading est un néologisme pour qualifier une communauté de consommateurs achetant du neuf pour le revendre à une autre période de l’année, profit à la clé bien sûr. Si chacun a déjà revendu sur Le Bon Coin, ce qui change avec le conso-trading c’est la semi-professionnalisation de ces consommateurs en véritables revendeurs, disposant d’outils de calculs, de plateformes et d’agenda pour optimiser leur pratique. Les plus jeunes sont évidemment en première ligne de cette nouvelle économie de la « seconde main », 22% des 10-17 ans français affirmaient déjà en 2020 compléter leur argent de poche sur Vinted sans l’aval de leur parent. (GMD, 2020).
Conso-trading discount : les NozAddicts ont le nez creux
Alors on pourrait penser que le conso-trading est l’œuvre de sneakersheads fortunés et scotchés sur leur smartphone. Bien au contraire. Le conso-trading commence aussi dans les allées des centres commerciaux et dans les bacs des soldeurs. Et c’est chez le discounter Noz qu’on trouve peut-être une des communautés de conso-trader les plus actives. Une communauté indéfinissable tant les âges et milieux sociaux se bousculent dans cette ambiance de chasse au trésor consumériste boostée à la promo. Un hashtag les réunis pourtant : #NozAddicts. On les retrouve tous sur TikTok ou Instagram dans des vidéos haul (déballage) où ils partagent leurs bonnes affaires du jour, et les arrivages à venir.
Dans ces vidéos, l’excitation de la promo transparait : chez Noz on achète et on réfléchit ensuite, avec des tickets moyens autour de 200€ pour les #NozAddicts. Alors les produits s’accumulent dans les greniers de ces consommateurs aguerris - peluches, objets high-tech, ou fournitures scolaires, tout y passe. Mais les cartons ne prennent pas la poussière trop longtemps. Les NozAddicts ont le nez creux. Les fournitures scolaires bradées en avril repartiront aussitôt au prix fort pour la rentrée, idem pour les peluches à Noël et la crème solaire en août.
Opportunité 1
Un nouveau levier pour la seconde main
Comment gérer les invendus, fin de séries ? Alors qu’ils sont traditionnellement destinés aux enseignes de destockage ou à la destruction, le conso-trading ouvre la voie à une nouvelle forme de destockage en B2C. Demain les marques pourraient ainsi diversifier leur approche intégrant les conso-traders dans leur circuit de distribution de fin de série.
L’enjeu est de taille, il est estimé que le marché de l’occasion dépassera en volume celui du neuf dans la mode en 2028 (GMD, 2020). Selon le BCG, le marché de la seconde main devrait croître de 15 à 20% au cours des cinq prochaines années, et ce tous secteurs confondus. (BCG, 2021). Ces revendeurs aguerris constitueront demain des influenceurs à part entière, essentiels à intégrer dans des stratégies d’influences responsables.
Bien que certaines entreprises proposent déjà des services utilisés pour cette économie de la revente : étalement de paiement avec AfterPay, Essoko ou Klarana, stockage ou logistique pour particuliers avec La Poste Busybees, de nombreux outils et stratégie d’influences restent à créer.
Opportunité 2
Les conso-traders au coeur des RP de marque
Ce que le conso-trading indique également c’est la capacité des consommateurs à spéculer sur des biens de consommation culturels. Il existe déjà dans la communauté sneakers des startups qui permettent à des particuliers d’acheter des parts de produits culturels pour spéculer sur leur valeur de revente. Vous pouvez acheter un pourcentage d’un sneaker de collection à 50.000€. C’est le cas de la startup Rares qui promet d’« Invest in the Culture ». Une signature de marque on ne peut plus explicite.
Certaines marques devront anticiper ces achats spéculatifs pour garder la main sur la valeur de leurs produits. Car l’impact de ces mouvements spéculatifs sur l’image de marque pourraient être conséquents. Si certaines maison de luxe accueilleront avec excitation cette flambée des prix (et de la hype), d’autres craindront des ruptures de stock trop rapides, privant leurs clients de produits vitaux au quotidien, ou leurs fans de produits très attendus, au risque de la déception. Le hoarding de papier toilette du confinement n’était donc que le signe avant-coureur d’un conso-trading qui s’installe durablement.
Une tendance au vrai potentiel puisque le FMI rapporte dans son rapport sur la stabilité financière de 2021 l’arrivée massive de jeunes petits porteurs comme un des faits marquants de l’année 2020. Hyper familier des marques, de leur dynamique, de leur potentiel culturel, ils représentent une cible intéressante pour des exclusifs, offres limitées ou remises sur le marché de fin de série. Le conso-trading pourrait aussi devenir pour les marques un mode de financement à part entière ainsi qu’une stratégie RP pour ouvrir des produits / marques haut de gamme à une audience plus large.
A quand donc l’indivision sur un sac Birkin ultra-rare ?
C’est tout pour aujourd’hui, à très vite dans 15 jours, n’oubliez pas de vous abonner, de recommander cette newsletter à vos collègues et amis, et de partager sur vos réseaux préférés.
* En attendant, misez sur les bonnes sneakers par ici , et la dernière trendroom vient de sortir, enjoy : lien